« L'emmerdeuse à l'état pur. » | ended

Explosions, cris de douleurs, tire à la mitrailleuse, dernier souffle, tire à la carabine, cris de souffrance, tire au snipper, dernier soupir. J’en étais là, à lister ce que mes oreilles sur-développées entendaient ou souhaitaient entendre. Comment ma famille pouvait-elle m’interdire de me battre ? Mon père, ma mère, mon frère et ma sœur étaient tous là-haut, au-dessus de ma tête à combattre tandis que moi je me la coule douce dans la cave. Je préférais mourir au combat plutôt que de pourrir dans un endroit aussi sombre et… étrangement silencieux. Mais ma famille me connaissait assez bien pour savoir que d’ici quelques minutes j’allais craqué et sortir. Hier j’en avais fait de même et je me suis cassé la plupart de mes membres au combat. J’étais étrangement la plus faible physiquement mais aussi l’une des plus forte mentalement. Cela faisait vingt et un ans… vingt et un ans que je n’avais pas vieillis d’un pouce, me transformant trop régulièrement pour permettre à mon corps de fonctionnait normalement. Vingt et un an que Penny-Lane avait disparut de la planète, mes anciens amis devaient tous avoir la quarantaine s’ils sont vivants suite à cette guerre. Satanée guerre. Guerre inutile. Guerre meurtrière. Un nouveau cri, bien trop familier pour ne pas réagir, je sursaute, je frissonne de peur, je me transforme inconsciemment, déchirant mes vêtements au passage, mais qu’importe. Je sors, parcours les dix kilomètres qui me sépare du cris et j’y trouve ma mère. Entourée d’une mare de sang. Le temps s’arrête, elle en a perdu beaucoup trop pour survivre. Je reste immobile face à ce corps si faible qui m’avait mis au monde. Son corps de loup étendue au sol les yeux ouverts, je la fixe, immobile, incapable de bouger ou de parler. Lane qu’est-ce que tu fous là ? Pourquoi ta mère rép… Ca y est, elle avait compris, tous avaient compris, notre mère était morte. Mon père effondré, je ressentais la souffrance qu’il ressentait. Bon dieu Penny arrête de penser si vite !

Je sursaute, encore une heure de cours perdue à rêver d’heures perdues. Mais ceci est bien réel, tout c’est réellement passé et rien ni personne ne pourra y changer quelque chose. Partie, j’étais partie, pour toujours. Abandonnant ma famille pour la solitude, préférant le silence au brouhaha.La solitude à toujours était mon point fort. Personne ne peut s’imaginer que derrière cette chevelure rousse ou brune selon les humeurs que j’ai chez le coiffure se cache une femme si forte. Ma frange recouvrant ces yeux bleuté qui avaient vu tant d’horreur défiler sous leur nez arrondie, petit et gracieux. Les loups-garous sont réputés pour leur groupement, leur vie de meute et leur capacité à être en groupe. Mais moi c’est seule que la nuit j’escalade les montagnes. Dès lors que j’avais décidé de quitter ma meute, ma famille ; je n’entendais plus rien. Plus aucune pensée déplacé, plus aucune image retransmis par l’autre, plus aucune sensation ou émotion qui ne vous appartienne pas. Quel silence, quel soulagement. Mon frère et ma sœur s’étaient toujours plaint de ma capacité à penser à autant de choses à la fois. Dans certaines situations mon cerveau se détache du monde réel tandis que dans d’autres, il y est complet et serein, d’une intensité incompréhensible. Ma peau pâle était sans doute le mystère à résoudre, si blanche… Les loups-garous sont généralement des être mâtes, expliquant leur chaleur. Mais moi j’étais pâle, et mon corps aussi bouillant qu’une poêle au feu.